dimanche 30 septembre 2012

Elles sont bien là au rendez-vous !




Chaque année, les baleines à bosses viennent hiverner au large (en fait très près) des côtes de la Réunion, dans ses eaux chaudes.
Un beau spécimen dans la baie de Saint Paul.
On peut approcher les cétacés, mais cela représente un risque. Pour l'heure, pas d'accident à déplorer... ces mammifères sont placides et rarement agressifs (sauf les mères si on menace leur petit évidemment).

A partir d'août, les femelles viennent mettre bas un baleineau de (pardonnez le peu) 500 à 1000 kg qu'elles allaitent jusqu'à ce qu'il soit suffisamment résistant pour faire le voyage de retour de 6000 km vers les eaux glaciales de l'Antarctique. C'est aussi l'occasion de relancer un cycle de reproduction. Les mâles se mesurent et rivalisent d'acrobaties, battements de nageoires et autres sauts hors de l'eau, c'est spectaculaire et ça draine des esquifs en tous genres pour le spectacle.

Les baleines sont protégées et la Réunion en est un sanctuaire scientifiquement reconnu. Des programmes d'observation et d'identification s'y déroulent.
Expérience extraordinaire que de s'approcher d'un de ces cétacés en palmes-masque-tuba,
mais ce n'est pas sans risque !

J'ai eu la chance (femme et enfants également) d'approcher ces géants des océans, c'est très très impressionnant. La Réunion est vraiment un lieu unique, tant d'espèces s'y retrouvent, le spectacle est intense sur terre comme sur mer.
L'attrait pour le spectacle confine parfois au harcèlement, les groupes de bateaux qui s'approchent ne respectent pas toujours les règles... sans parler des fêlés en jet-ski !


dimanche 12 août 2012

Vacances dans l'archipel des Mascareignes (partie I)

Vue vers le Sud depuis le parc Casela (Ouest)
L'hôtel le plus cher de Maurice : le Touessrock, en face de l'île aux Cerfs
Pour nos vacances "d'hiver", nous avons évidemment choisi de découvrir les autres îles de l'archipel des Mascareignes dont la Réunion fait partie (elle est la plus occidentale). Un premier séjour de dix jours nous a amenés à l'île "soeur", Maurice, autrefois nommée "l'île de France" avant de nous être ravie par la "perfide Albion" en 1810. Le Français est largement pratiqué, même si la langue officielle et administrative est l'anglais. Une île résolument dédiée à la canne à sucre et au tourisme, dans sa forme la plus caricaturale parfois : des complexes hôteliers splendides et artificiels qui monopolisent des kilomètres de plages... Maurice a opté pour un tourisme de standing, "haut de gamme", "friqué"...  et se prépare a accueillir 2 millions de touristes dans les prochaines années en misant sur le marché des pays émergents : Inde et Chine.
Cascade de Chamarel

Lotus au jardin de Pamplemousses
Tigre au parc Casela... on peut se promener dans l'enclos au milieu de jeunes lion(ne)s
l'île aux Cerfs, vue vers le Nord
Maurice n'est plus ce qu'elle a été vous diront ceux qui l'ont connue vingt ans auparavant... et qui désormais lui tournent le dos ; l'île s'est quelque peu dénaturée, bétonnée, même s'il reste encore des endroits authentiques et assez sauvages.

L'île aux Cerfs
Pour des vacances en famille, c'est l'idéal : grandes plages bordées par le lagon, parcs animaliers (Casela, Vanille), jardins exotiques (Pamplemousses), excursions en mer et découverte des île (île aux Bénitiers, île aux Cerfs), observation des dauphins à la nage (masque et tuba), sites naturels, randonnées... on ne s'ennuie pas. L'île n'est plus aussi bon marché qu'elle a été... elle reste néanmoins attractive pour un tourisme de proximité... les Réunionnais y viennent volontiers.

Les terres de 7 couleurs à Chamarel (Sud)
Nous avons aimé : les Mauriciens, ouverts et gentils, ils adorent les enfants (notre dernier de 11 mois était notre meilleur sésame pour entrer en contact avec les gens) ; de belles plages, des îles sauvages (en partie seulement), une ambiance très "India" (les indo-mauriciens dominent le fond du peuplement), des sites, des parcs de découverte...
Nous avons été déçus :  les villes sont très moches, l'urbanisme est anarchique et sans grâce, la circulation dense et les bouchons, le tourisme "friqué", les vendeurs ambulants qui vous harcèlent (pas partout !), les bus (bruyants et antiques), l'océan indien est un peu frais en hiver (mais comparable à la Méditerranée, donc à nuancer...), la météo est mitigée (mais pas exécrable).

Rose du Vénézuela (parc de Pamplemousses)
Bilan :  Nous n'avons pas tout vu, il nous reste à découvrir le nord et le sud (de belles randonnées à faire), mais nous n'y retournerons pas dans l'immédiat, il y a d'autres destinations plus intéressantes à privilégier.
Une île adaptée à des vacances en famille, mais plus aussi bon marché qu'elle l'a été.
Une question : en poursuivant son développement dans cette voie, Maurice va-t-elle jouer la carte du "tourisme durable" et d'un développement équilibré ? va-t-elle sacrifier son identité et sa spécificité ? Saura-t-elle (voudra-t-elle) fidéliser sa clientèle touristique ?

jeudi 5 juillet 2012

Fêtes TAMOULES

Le char transportant la statue de la déesse
Maryamène, qu'on promène de la rivière
jusqu'au temple, à travers les rues de Saint André




Petit temple privé où se déroule la cérémonie
festive en l'honneur de Maryamène.
 Nous avons eu la chance d'être invités par une amie réunionnaise qui habite Saint Benoît (c'est dans l'Est de l'île) à l'occasion des fêtes tamoules célébrées en l'honneur de la déesse "Maryamène", c'était au mois de mai. Les "engagés" indiens arrivés à la Réunion après l'abolition de l'esclavage (1848) ont apporté avec eux leur tradition culinaire, qui constitue une part notoire du patrimoine culinaire réunionnais, et leurs traditions religieuses. Le renouveau identitaire, parfois interprété comme une réaction ou une manifestation de résistance à l'uniformisation culturelle induite par la mondialisation des échanges et la standardisation culturelle, ce renouveau se traduit par une pratique religieuse affichée sans ostentation mais sans complexes non plus. Tant mieux, car c'est un spectacle chatoyant, qui flatte tous les sens : les yeux, par la débauche de couleurs, tissus et fleurs, parures et décorum ; l'ouïe, par l'accompagnement "musical" (surtout des percussions... les tambours "casse-tympans") ; l'odorat, par les nuages d'encens qui accompagnent les rites ; le goût, car les offrandes (fruits, friandises) sont partagées et la fête se conclut par un repas communautaire pris sur des feuilles de bananiers en guise de vaisselle... pratique pour éviter de faire la vaisselle. Pour les couverts, on utilise la main (droite)... et là aussi c'est pratique (les enfants adorent qu'on les oblige à  manger avec les doigts !).
Le temple "malbar" de Saint Paul, Rue Saint Louis

La fête du CAVADEE, ici dans la rue devant le temple de SAINT PAUL, est précédée d'une période de privations et de purification (une sorte de Carême en quelque sorte) ; le jour de la fête, les pénitents en procession se font planter des aiguilles en divers endroit du corps et du visage et portent sur le dos une sorte d'autel portatif. Comme pour la marche du feu... c'est impressionnant. 

Des citrons sont suspendus aux crochets plantés dans le derme, ce n'est pas pour préparer le "ti punch", c'est pour rajouter un peu plus de souffrance...
La Réunion est un condensé de cultures provenant des quatre coins du monde... cela la rend assez unique ; tout le monde se respecte dans un climat de tolérance ; les traditions des autres, aussi étranges et surprenantes qu'elles paraissent ne prêtent pas à sourire, encore moins aux moqueries ou aux injures... que notre grande métropole s'en inspire, cette mère laïque.

vendredi 6 janvier 2012

La Réunion : jardin d'Eden ?

Tout d'abord, une EXCELLENTE ANNEE à toutes et à tous, et pour 2012, inutile de trop vous interroger sur les voeux que nous formulons à votre intention... la suite vous les laissera imaginer.

L'entrée du Conservatoire, une ancienne propriété d'un puissant planteur de l'Ouest. La demeure elle-même mérite une visite.
Le Conservatoire national de Mascarin, situé dans les Hauts de Saint Leu, dans l'Ouest, est un immense jardin d'Eden où on a rassemblé tout ce que l'île compte comme patrimoine floristique à des fins d'étude, d'information du public et de protection et conservation. C'est unique et à voir absolument. La diversité des climats de "Bourbon" a permis l'acclimatation d'une quantité inimaginable d'espèces végétales, arbres, fleurs et cactées, provenant de tous les continents. Les arbres qualifiés de "bois" sont les espèces endémiques, on ne les rencontre qu'à la Réunion ; ainsi, il reste dans le Sud sauvage une forêt primaire intacte où l'on recense des essences uniques ; les "pieds" désignent les espèces d'arbres allochtones, importées et introduites par des botanistes, des planteurs ou par les migrants eux-mêmes (ceux en provenance d'Inde en particulier).
Finissons-en avec les discours et admirons....  Les espèces d'orchidées se comptent en dizaine de milliers.
Autant dire que c'est un paradis pour les botanistes et les amateurs de jolies plantes.
Un héliconium




Vous avez évidemment reconnu... la VANILLE, qui est une orchydée ! un esclave, Edmond Albius, au XIXe s., est à l'origine de la fécondation artificielle qui a ouvert à la culture de cette fleur qui nous donne tant de plaisir.




Fêtes de fin d'année à la Réunion


Comment vous décrire l'effervescence qui règne ici à la Réunion pour les fêtes de fin d'année ? Outre la frénésie de consommation qu'elles suscitent chez les Réunionnais, et qui marque l'importance qu'elles revêtent pour un peuple très porté à la fête et attaché à la famille, c'est la saison des fruits qui apportent l'indispensable note festive sur les tables des réveillons : les litchis sont incomparables ;  rien à voir avec les petits fruits gris acides et à la maturation inachevée dont les producteurs malgaches nous gratifient en métropole, ici, c'est le fruit de Noël, rubicon et juteux, à la chair délicatement parfumée, on ne s'en lasse pas ; pourtant, ce n'est pas une année à litchis à en croire les producteurs, ce qui explique le prix relativement élevé (3 à 4 euros / kg).

La mangue est l'autre fruit qui préside aux festivités : mangue carotte, mangue josé, la plus chère, mangue claudius, la malgache, et la délicieuse mangue "dévisse", la préférée des bricoleurs... on trouve aussi davantage de fruits de la passion, des cerises du Brésil (délicieuses myrtilles poussant sur des arbres), les mangoustans, toujours très chers mais irrésistibles, les corossols (ou sapotes) à la saveur délicate... un festival d'arômes et de couleurs.


Autre élément incontournable de ces fêtes : les pétards et feux d'artifice. Le 24 et le 31 décembre à minuit, une image de l'île prise d'un satellite pourrait laisser croire à une éruption générale ! la population converge vers les plages, celle des lagons dans l'Ouest, et l'on assiste alors à un feu nourri ininterrompu (20 minutes au passage de la nouvelle année !) de pétards mitraillettes, de fusées sifflantes, d'effets pyrotechniques en tous genres ; c'est d'ailleurs passablement dangereux et l'impact environnemental est réel, mais c'est beau, voire poétique, surtout grâce aux "lanternes magiques" qui peuplent la nuit de nouvelles étoiles ascendantes : ce sont des mongolfières qui s'élèvent assez haut avant de s'éteindre.
Que dire de ces familles qui dès la veille investissent le littoral  et y installent des campements complets avec barbecues, tentes, groupes électrogènes, et sono tonitruantes ? une telle prise de possession de l'espace public nous paraît impensable en métropole. Je commence à comprendre une loi de la Réunion : "la loi est relative et elle n'est pas faite pour être appliquée". Face à l'ampleur du phénomène qui relève de la tradition, les autorités sont impuissantes. Mentionnons au passage, que si les "bas" (la côte) a la préférence des gens dans le vent, les "hauts" ne sont pas en reste, et la fête se prolonge le soir du jour de l'an, qui résonne encore de pétards. Les étales des vendeurs d'articles pyrotechniques envahissent les trottoirs des villes, et même les petits budgets achètent !

Bien qu'on se trouve sous les tropiques, la topique de noël est bien présente... père Noël en traineau, avec ses rennes, sous une neige qu'une majorité de réunionnais n'a d'ailleurs jamais vue.

En définitive, nous avons passé ici des fêtes inattendues, c'est à voir une fois au moins et tout cela justifie de venir à "Bourbon" aussi pendant l'été austral.

samedi 29 octobre 2011

histoire - les premiers français à la Réunion

C'est la Compagnie des Indes orientales, créée par Colbert, qui donne le coup d'envoi de la colonisation de l'île Bourbon. En 1665, les premiers colons débarquent dans la baie de Saint Paul, baptisée à l'époque "baie du meilleur ancrage". A vrai dire, les premiers français avaient déjà débarqué en 1638, mais sans s'établir durablement. En 1663, la couronne de France décide de prendre définitivement possession des Mascareignes (la Réunion et Maurice, plus Rodrigue). Saint Paul deviendra ainsi la première capitale de l'île.
Face au cimetière marin de la ville, un site rappelle l'histoire de la colonisation, c'est la "grotte des premiers Français", interdite d'accès en raison d'un risque d'éboulement.


La caverne qui s'y trouve aurait abrité les premiers Français débarqués avec une dizaine d'esclaves malgaches. Les historiens divergent sur l'authenticité du lieu, mais je suis quand même allé voir ; l'ambiance "Robinson Crusoë" justifie à elle seule le déplacement, ça dégouline d'eau de source et de fougères, c'est aménagé et évidemment jonché de détritus, comme c'est habituel dans l'île hélas.

Le Maïdo brûle !

Le Maïdo est un piton (2 203 m) qui domine d'un côté la région ouest de la Réunion et les villes de Saint Paul et Saint Gilles, et d'autre part le cirque sauvage de Mafate, 1500 m plus bas en vue plongeante.

Son nom vient du malgache et veut dire "terre brûlée" ; trop bien nommé depuis 2010, date d'un premier incendie déjà sérieux ; cette année, à l'occasion de plusieurs journées venteuses de ces derniers jours d'octobre, un criminel a mis le feu à ses forêts splendides (cryptomerias, tamarins, mimosas) et à ses broussailles et maquis odorants ; le secteur du grand Bénard, plus au sud, est également ravagé... plus de mille hectares à l'heure qu'il est partent en fumée. C'est catastrophique pour le tourisme car le Maïdo est un site très fréquenté pour son panorama sur le cirque de Mafate à couper le souffle ; c'est aussi un spot de VTT et un lieu d'activités de loisirs (parapente, luge, quad et rando évidemment etc...) et la route pittoresque qui y mène offre aux visiteurs la découverte de distilleries de géraniums (à la Petite-France).


Le scénario incendie est connu de nous autres "azuréens", sauf qu'ici, pas de canadair ! c'est d'ailleurs une polémique qui s'enflamme, car les moyens manquent pour faire face à une telle catastrophe. Depuis des jours, lorsque je dirige le regard vers le sud-est, je remarque ce panache grisâtre qui se détache, sinistre et rabattu par les vents dans un ciel d'azur... la richesse floristique s'en va en fumée, et avec elle un pan de la biodivesité de cette île classée patrimoine de l'humanité par l'Unesco.
Lien : http://www.liberation.fr/terre/11011709-incendie-la-reunion-toujours-en-flammes#s1