dimanche 11 septembre 2011

Les "belles créoles"




Voici quelques photos de belles demeures créoles de la rue de Paris, l'axe de prestige à Saint Denis. Ces villas parfois imposantes exaltent le sens de la mise en scène. Il faut être vu, mais sans trop d'ostentation, il faut se faire désirer, se cacher tout en se montrant. Les grosses fortunes des cycles du café, du sucre et de l'importation ont fait édifier ces splendides villas urbaines. Les coquettes font semblant de se cacher derrière grilles et murs, mais on parvient désormais à les admirer, ce sont des pièces de valeur du patrimoine local.

Eid Mubarak !

Mercredi 31 août, à l'occasion d'une sortie à Saint Denis, j'ai eu l'occasion d'entrer dans la mosquée de Saint Denis, le jour de l'Aïd El Fitr, la fête de clôture du Ramadan. Cette mosquée Noor-e-Islam (lumière de l'Islam), située avenue du Maréchal Leclerc, la grande avenue commerçante en partie piétonne de la ville, est la plus ancienne de France !  Inaugurée en 1905, l'année même de l'adoption de la fameuse loi de séparation des Eglises et de l'Etat, est un haut lieu du culte musulman sunnite sur l'île ; il y en a d'autres ailleurs, moins importants cependant. Il est fréquent de croiser dans les rues de la préfecture de l'île des musulmans en djélabah, coiffés de leur petite calotte blanche. Me sentant dans une atmosphère de tolérance, je me suis risqué à pénétrer dans la mosquée, chose que je n'aurais jamais osé faire en métropole, je me serais senti "étranger" au milieu d'une population incomprise et elle-même étrangère. Un monsieur charmant dont la langue maternelle est le français standard, tout comme  moi, et qui se trouvait être le président d'une association locale de musulmans, m'a gentiment fait visiter la mosquée et m'a expliqué l'origine de l'Islam dans l'île ; il m'a même présenté à un imam, lequel n'a pas hésité à deviser avec un "infidèle" dans la simplicité et dans une attitude accueillante.

Pas d'intégristes à la Réunion, mais un islam fervent et tolérant. La religion s'est implantée dans l'île à l'occasion de l'arrivée des "engagés" des provinces indiennes d'origine. "L'engagisme" consistait, vers les années 1860, à recruter des travailleurs indiens souvent d'origine tamoule, et de religion hindoue, pour le travail de la canne à sucre. Les indo-pakistanais musulmans sont arrivés en même temps qu'eux, et sont aussi originaires de l'Inde, mais de régions différentes et avec lesquelles les contacts n'ont jamais été rompus. Ils sont arrivés le plus souvent comme commerçants, dans les tissus et l'habillement, ils étaient originaires de la province du Gujarat dans le nord ouest de l'Inde,entre Bombay et le Pakistan ; improprement, on les appelle ici les "Zarabes". Les Zarabes sont musulmans sunnites de rite hanafite et sont présents depuis près d'un siècle et demi ; leur importance économique est reconnue, malgré leur minorité numérique ; l'Islam à la Réunion est un phénomène essentiellement urbain.
En 1972, d'autres musulmans de Madagascar se sont exilés à la Réunion, ils sont de rite Chiites, mais la coexistence entre les deux courants de l'Islam se fait sans problème, contrairement à d'autres régions du monde. Les Comoriens et mahorais (Mayotte) sont des sunnites malékites arrivés plus récemment, ce sont des immigrés économiques, pas encore aussi bien intégrés que les vagues précédentes.

J'ai pu donc approcher une des caractéristiques de la société réunionnaise, sa culture multiple et diversifiée, comme le sont les racines des Réunionnais, dans un esprit de tolérance, et dans une cohabitation paisible des religions grâce aussi, je l'ai appris de la bouche des fidèles que j'ai rencontrés, une pratique régulière et profonde du dialogue inter religieux. Des traditions de divers horizons qui ailleurs se regardent en chien de faïence coexistent ici sans heurts, de quoi donner des leçons à de grands pays qui n'ont pas su atteindre une telle sagesse. Il va sans dire qu'ici, nos débats de métropole autour du respect de la sacro-sainte "laïcité" n'ont pas cours, cela ne scandalise personne de croiser des femmes voilées dans les lieux publics et dans la rue, et d'ailleurs il n'y en a pas beaucoup, sauf peut-être à Saint Louis, dans le sud. Ici, on refuse d'importer les querelles stériles que des hommes politiques peu attentifs aux réalités locales attisent à des fins bassement politiciennes. Personnellement, ici, je me sens tout à fait à l'aise au contact de "frères" musulmans, peut-être parce qu'ils sont parfaitement intégrés...

Un indice : à la Réunion, on fête le Nouvel An au moins quatre fois par an ! le 1er janvier évidemment, en février (nouvel an chinois), en avril (nouvel an tamoul), et à une date variable, le nouvel an musulman. Manière de passer la meilleure année qui soit...

Une autre fois, je vous parlerai des autres religions, au fil de mes découvertes.

Pour en savoir plus : http://reunionweb.org/decouverte/culture/religion/islam

samedi 3 septembre 2011

Cuisine réunionnaise - suite


Le "pâté créole" est une spécialité qu'on fait pour les fêtes, en particulier à Noël. Il s'agit d'une sorte de gâteau farci à la viande et parfumé à la Marie Brizard, un alcool anisé très prisé ici à la Réunion et utilisé en cuisine.
On ajoute aussi du "safran pays" qui n'est autre que le curcuma, épice fréquemment associée à la cuisine d'ici et qui donne une coloration jaune au gâteau.
Un peu "étouffe-chrétien" et riche (le saindoux entre dans sa composition), ce pâté se consomme soit en entrée, soit, étrangement, en dessert ; il accompagne parfois aussi la boisson chaude du petit déjeuner, et se conserve facilement plusieurs jours.
Madame Dupuy, la grand-mère, vraie créole à l'accent véritable, gardienne des recettes traditionnelle du patrimoine culinaire, m'a honoré de "son" pâté créole ; ici, la recette varie d'une famille à l'autre. On le trouve parfois farci à la papaye, mais je n'ai pas encore eu l'occasion de goûter.